La librairie est morte, vive la... ?

La quoi ?
Le monde de la librairie vit une mutation sans précédent, le commerce électronique et la dématérialisation du livre .
Comment les libraires doivent-ils s'adapter à cette nouvelle donne ?
Si la librairie d'aujourd'hui est morte, alors quelle sera-t-elle demain ?

samedi 20 décembre 2014

Culture du livre vs Culture numérique (Vidéo)





Cela fait plusieurs semaine, à intervalle régulier que je lis et relis ce petit livre très intéressant de Serge Tisseron : "3-6-9-12, apprivoiser les écrans et grandir".





Vous pouvez même télécharger et imprimer (ou la commander) ces 2 affiches pour les installer dans les écoles, les salles d'attente, les crèches...

Je ne vais pas revenir sur l'ensemble du livre, son postulat et vous laisserai le loisir de le découvrir personnellement.



Ce qui donne objet à ce billet est le chapitre 6 : "La quadruple révolution des technologies numériques" (page 89).
  • "Une révolution dans la relation aux savoirs
  • Une révolution dans la relation aux apprentissages
  • Une révolution psychologique
  • Une révoltuion des liens et de la sociabilité"
Pour finir sur "L'indispensable complémentarité"

Ce chapitre décrit très bien ce qui est en train de se passer et le choc apparent entre notre culture avant le web, notamment 2.0 et aujourd'hui.

Extrait : 
  • "L'écriture a perdu sa suprématie comme vecteur principal de la pensée et de la communication, car un autre vecteur s'est imposé, celui des écrans. Du coup, la culture du livre n'est en rien minimisée, elle est seulement relativisée." (...) 
  • "Mais l'invention du numérique a poussé en avant d'autres repères, de telle façon qu'il est possible aujourd'hui d'opposer deux manières de penser : l'une organisée selon la chaîne linéaire propre au texte parlé ou écrit; l'autre qui utilise toutes les possibilités de la construction spatiale et de l'interactivité."
  • "Quand nous parlons de culture du livre et de culture des écrans, il s'agit donc de modèle (ou si l'on préfère de paradigme) et non de support. D'ailleurs, avant l'invention du livre, la culture orale faisait cohabiter à part égale pensée linéaire et pensée spatialisée."
  • "Pourtant, nous allons voir que la culture du livre et celle des écrans s'opposent pratiquement sur tous les points. La rupture entre les deux concerne à la fois la relation aux savoirs et aux apprentissages, le fonctionnement psychique et la créations de liens."
  • "Comme son nom l'indique, la culture du livre est une culture du singulier, autrement dit de l'un. Au contraire, la culture des écrans est une culture du multiple."
  • "Un lecteur est seul devant un seul livre écrit par un seul auteur. Du coup, cette culture est dominée par une conception verticale du savoir"
  • "Au contraire la culture des écrans est placée sous le signe du multiple : plusieurs personnes sont réunies devant plusieurs écrans (...) dont les contenus ont été créés par des équipes. (...) Cette culture est placée sous le signe d'une relation horizontale au savoir : son modèle est l'encyclopédie Wikipédia. C'est une culture du multiple, du métissage et du multiculturalisme."
  • "Le culture du livre est organisée par la succesion des mots, des lignes, des paragraphes et des pages. Elle induit un modèle linéaire, organisé autour de relations de temporalité et de causalité." (je parle moi-même souvent d'espace/temps)
  • "Au contraire, la culture des écrans favorise la pensée non linéaire, en réseau ou circulaire"
  • "La culture du livre valorise l'identité unique censée être la propriété privée d'un individu."
  • "Au contraire, avec les écrans, l'identité se démultiplie. Le Moi n'est plus la propriété privée d'un individu mais une fiction tributaire des interactions des personnes dans un groupe, et donc à chaque fois différente."
  • "Dans la culture du livre, le mécanisme de défense privilégié est le refoulement (!), c'est à dire un processus inscrit dans la durée."
  • "Dans la culture du livre, les liens privilégiés sont essentiellement de proximité physique."
  • "Dans la culture numérique (...), la sociabilité sur internet consiste à partager un centre d'intérêt commun... (...)."
  • "Dans la culture du livre, l'autorité est assurée par la reconnaissance que donnent les diplômes, eux-mêmes délivrés par un pouvoir reconnu."
  • "Au contraire, dans la culture numérique, l'autorité est fondée sur le reconnaissance des pairs."
  • "Il en résulte un changement majeur dans le mode de régulation des groupes. Dans la culture du livre, elle repose sur la culpabilité et la punition (!!...)."
  • "Au contraire, dans la culture du numérique, la régulation repose sur tous les participants. Son instrument est la honte qui détruit la e-réputation."
  • "Nous voyons que la culture des écrans n'est pas une "sous-culture", mais une culture différente avec ses avantages propres. La culture du livre valorise l'incitation à la construction narrative (...). Tandis que pour les écrans, ce sont la spatialisation des données et leur visualisation qui en constitue le point fort, ainsi que le fait qu'ils stimulent l'interactivité et l'innovation."
  • "Chacune fait appel à un mode de fonctionnement cérébral et psychique distinct, de telle façon que l'être humain va plus vite en utilisant les deux (...)."
La complémentarité pour tempérer :
  • "Dans la culture numérique : dispersion de l'attention et pensée zapping, réussir sans comprendre, manque de recul cognitif et temporel, relations virtuelles, fuite de la réalité."
  • "Dans la culture du livre : ultraspécialisation (!!!...), donc difficulté d'adaptation, réduction aux apprentissages par coeur, inhibition de la créativité, augmentation de l'obéissance, développement de personnalités rigides et peu évolutives (!!!!...), relation de proximité physique, empathie réduite aux proches (...)."
Et si la montée en puissance de la culture numérique était prise en compte...
Et si la complémentarité se développait au sein même d'un nouvel écosystème du li(v)re équilibré entre partenaires...

Un livre à glisser sous le sapin ! :)

Le livre et la lecture vous tiennent en joie !