La librairie est morte, vive la... ?

La quoi ?
Le monde de la librairie vit une mutation sans précédent, le commerce électronique et la dématérialisation du livre .
Comment les libraires doivent-ils s'adapter à cette nouvelle donne ?
Si la librairie d'aujourd'hui est morte, alors quelle sera-t-elle demain ?

vendredi 26 juillet 2019

Redoutable et tellement prévisible...

"Redoutable et tellement prévisible", voilà les mots qui me sont venus à la lecture de cet article d'Actualitté :
"Retours gratuits, livraison en 1 jour : Amazon crée un outil pour libraires"

A sa lecture, je ne peux m'empêcher de sortir de mon silence, tant nous sommes arrivés aujourd'hui à la veille "d'un rouleau compresseur, doublé d'un tsunami qui s'approche et qui va aller très vite et très fort et sans pitié" comme l'avait dit le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, lors des Rencontres nationales de la librairie en... 2011 (13'20 > 14'50) !

Je me souviens avoir été impressionné par son discours, la tempérance, son intelligence, voire sa tendresse. J'ai été aussi choqué par le choix de ses quelques mots. Au-delà du ministre, qu'un intellectuel comme Frédéric Mitterrand, homme aussi lettré, choisisse "rouleau compresseur" et "tsunami" sonne comme un avenir apocalyptique... quelques mois après le tsunami au Japon (février) et les images de désolation, voire de catastrophe nucléaire.
Nous y sommes.

A partir du moment où l'on comprend qu'Amz est un, pardon, LE logisticien à l'échelle mondiale, on imagine rapidement en quoi sa puissance est réelle pour son propre compte mais aussi pour les autres.
Face à une chaine du livre qui n'a jamais su se réinventer, il est aisé pour Amz de déployer ses outils et ses services comme il le propose ici pour le livre en Italie : Amazon Business per le Librerie, et bientôt Amazon Business pour la librairie en France ?

Comme Amz commence systématiquement par le livre (e-commerce, retail...), il devient grossiste du livre (bientôt du reste ?) et propose avec des remises tout à fait correctes pour le secteur, de livrer le libraire en 24h... Ce qui est, au minimum, 4 fois plus rapide qu'aujourd'hui...
Et avec des retours gratuits en plus de cela... Imbattable !

Imaginez ces innombrables librairies en France, soumis à des remises frisant parfois les faibles 30%... et payant les (allers) et retours (chers) aux distributeurs. Le choix semble être vite fait.
Imaginez comment, avec un tel délai de livraison, la librairie peut améliorer la rotation de ses stocks, pierre angulaire de la rentabilité de ce type de commerce...

Amazon représente déjà environ 20% (et je pense que c'est une fourchette basse) du marché des éditeurs français.
Cette proposition d'Amz va mettre en péril directement l'outil de distribution de ces mêmes éditeurs.
La distribution comme on l'a connue, a-t-elle encore un avenir ?
L'impression à la demande ne va-t-elle pas sonner le glas de la distribution du livre, distribution comme zone de stockage des livres imprimés par les imprimeurs, en attente de départ vers les librairies... ?
Amz ne s'est jamais caché de vouloir dés-intermédier : du producteur au consommateur, de l'auteur au lecteur, de l'éditeur au libraire... etc.

Je ne peux que citer de nouveau un billet écrit en... 2014, à la suite du Rapport Lemoine :
  • "CONSTAT"
    Le constat ne nous apprend rien de particulier.
    Mais citons :
    • "commerce du futur mixant technologie et humain"
    • "Amazon est en passe de devenir le 1er libraire et détient près de 70 % des ventes de livres en ligne"
    • "Le handicap majeur dont ils (les libraires indépendants) souffrent est d’ordre logistique : il faut pouvoir livrer un client en moins de 24 heures et leurs systèmes d’approvisionnement et de distribution ne le permettent pas."
    • "le passage à une librairie connectée"

    Sur ce dernier point, je n'ai rien à enlever : 
    • "Une batterie d’innovations technologiques peut donc être expérimentée : modernisation logistique dans une perspective d’internet physique, mutualisation des stocks et organisation de librairies en réseau, prescription de livres à partir d’un algorithme de recommandation utilisé par les libraires, impression d’un livre manquant directement dans les librairies, livres numériques, etc."

    "PROPOSITION"
    • "Construire la « librairie du futur », premier cas d’application de la réinvention du commerce" (c'est l'objet de ce blog depuis 3 ou 4 ans !!!)
    • "permettre un réapprovisionnement en 24 heures, la mutualisation des stocks et la mise en réseau des libraires, une évolution des libraires vers un métier de prescripteurs de support et de livre numériques, et l’expérimentation de solutions print-lab d’impression des livres in situ." (et non chez l'éditeur)
Nous avions pourtant essayé d'y répondre en 2015, ici.

Conclusion : 
Rouleau compresseur et tsunami sont en vue.
Amz est en passe de réaliser le rapport Lemoine.
Et qui va en sortir gagnant... ?

Le livre et la lecture vous tiennent en Joie...

mercredi 21 mars 2018

La créolibrairie ou comment vendre le virtuel ?


Dans un précédent billet, j'écrivais :

"La véritable "expérience client" n'est-elle pas, en fait, celle d'améliorer notre "qualité de présence" au lecteur/client, bref sa relation, quitte à la renforcer par une nouvelle culture qu'est le numérique ?
Si le numérique est une culture, alors elle devrait facilement se marier (créoliser) avec le li(v)re."

C'est pour cela que je reprends le terme de créolisation, cher à Edouard Glissant, bien plus puissant que le métissage.

"La créolisation exige que les éléments hétérogènes mis en relation « s’intervalorisent », c’est-à-dire qu’il n’y ait pas de dégradation ou de diminution de l’être (du li(v)re, de la librairie), soit de l’intérieur, soit de l’extérieur, dans ce contact et dans ce mélange."

C'est pourquoi, aujourd'hui, nous assistons bien plus aujourd'hui au métissage des univers du numérique et du tangible, qu'à la créolisation, souhaitable.
Car le numérique étant une culture (non encore intégrée pour certains), elle dépasse largement le seul outil.
Or cet outil, en tant que progrès technique, change nos vies.

Anecdote que je raconte souvent à mes amis :
Alors étudiant à l'Université de Lille, je me souviens d'un professeur qui posât cette question, bien provocante pour de jeunes oreilles : "est-ce l'homme qui fait la machine ou la machine qui fait l'homme ?"
Inutile de vous dire, qu'à l'époque, nous avions bondi, fiers de notre humanité, en répondant que l'homme invente la machine, il s'outille, il est créateur, innovateur, la machine ainsi répond à ses besoins et ses désirs... Au doigt et à l'oeil !
Belle naïveté (que je garde précieusement en moi).
MAIS.

Oui, MAIS, c'était sans comprendre en quoi la charrue, outil tiré par le cheval, devenait le prolongement de l'homme. Et de constater, en quoi, cette invention agricole (de l'Homme), transformait non seulement le territoire (la terre, la paysage) mais aussi et surtout les mains du paysan, ses épaules, son dos, bref son être tout entier.

Que dire aujourd'hui de ces outils que nous utilisons (insidieusement ?) au quotidien : ordinateurs "personnels", tablettes, et plus encore smartphone, et demain IoT, Internet Of Things, internet des objets ?
Que dire encore de ce nouveau territoire (paysage) qu'est le web ? Territoire virtuel en changement rapide et perpétuel... sous nos claviers.
Nouveau territoire, en plus de la terre ferme, du tangible, du magasin, qui nous amène à une triangulation.

Autre exemple, ma passion de l'exploration des montagnes m'a appris l'orientation, la cartographie (sans GPS;).
L'outil : une boussole
Territoire tangible : la montagne
Territoire mi-tangible mi-virtuel : la carte
Objectif : opérer une triangulation et tracer l'azimut.
But : savoir où l'on est et où l'on va.

"Facile" avec un territoire stable et une carte représentant cette stabilité : un plan, une carte, une (Google) Map.

Mais que faire quand ce territoire est mouvant et que par définition, aucune carte stable ne peut la représenter, sachant que les outils changent aussi tout le temps ?


 
Je ne reviendrais pas sur la devise du capitaine Némo que j'ai fait mienne : "Mobilis in mobile", mais remarquez que ce personnage de Jules Verne... navigue (comme nous sur le web).

Prenons maintenant le li(v)re.
Quoiqu'on dise, quoiqu'on fasse, et même si avec des couches d'idées historiques, philosophiques, géographiques... etc., se chevauchant plus ou moins, aucune n'est annulée par celle qui vient, la lecture vit ce même changement culturel qu'est le numérique.

Ecoutez ici, la très suivie chronique de Brice Couturier, intitulé : "Comment le numérique a hybridé la consommation culturelle." Où l'on parle d'hybridation. CQFD

Donc, face à ces nouveaux outils changeants (smartphones...), ces nouveaux territoires changeants (formats...) naissent de nouvelles formes d'écriture et de lecture.
Peut-on ainsi penser que leur commercialisation ne changera pas ?
Le librairculteur peut-il outre-passer le changement que ces outils sont en train de produire sur ses clients/lecteurs, sur lui ?

Peut-être que les commerces traditionnels (intermédiaires) devront disparaitre tels les dinosaures en leur temps, laissant la place à de nouvelles formes de commerce triangulaire (autres intermédiaires), capables d'orienter le client/lecteur ? Les créolibrairies ?

Et c'est cette mutation qui m'intéresse.
Aujourd'hui, certains pure-players du livre envahissent des territoires vierges pour eux, ici.
D'autres acteurs redéfinissent le territoire tangible, réintermédient, nous ramenant à la supérette de mon grand-père, ici. (Entre parenthèses (deux fois), le marché existe toujours)
Ou encore un éditeur purement numérique, rejetant à une époque le papier, autant que les éditeurs papier le numérique, et qui aujourd'hui propose des versions papier de ses ebooks (certes, en impression à la demande, mais tout de même), ici, mais aussi qui reste convaincu que l'ebook ne se vendra jamais en librairie physique.

Il est vrai que je n'ai pas trouvé à ce jour une organisation, une personne (quoique) capable d'aborder cette complexité, et de la réaliser (quoique).
Comment opérer cette triangulation permettant de se repérer et d'accompagner des lecteurs sur ces nouveaux chemins changeants de la lecture ?

Cela commence par soi, comme le disait Gandhi.
Il faut se créoliser soi-même, permettant de laisser naitre cet imprévisible qui rend ce métier l'un des plus beaux du monde.
Cela demande une bonne tranche d'ouverture, de curiosité, et telle Alexandra David-Neel, que j'ai relu récemment, du courage, de la constance, de l'endurance, et ce goût irrémédiable pour l'aventure, l'exploration.

"L'action, avec toutes ces incertitudes, est un rappel permanent que les hommes ne sont pas nés afin de mourir, mais afin de commencer quelque chose de neuf"
Hannah Arendt

Le livre et la lecture vous tiennent en joie !

mardi 2 mai 2017

Just like a bookstore...


 cabinet Studio Padron

J'ai découvert cet article certainement par un partage sur les médias sociaux et je me permets d'en reprendre quelques passages pour commentaires.

Article : "Amazon takes a page from bricks-and-mortar bookstores. Here's what it's like inside" par Christopher Borrelli, Contact Reporter Chicago Tribune.

"I said that I shop on Amazon (too regularly) when I know what I want, and I shop at physical bookstores when I feel open to discovery, when I am curious about what I didn't know that I wanted. Later, I had a similar conversation with another employee who sounded uncertain of this idea that people visit bookstores to stumble across unexpected treasures."
Intéressante cette remarque de Mr Borrelli. Notamment son comportement d'achat...

Quand, je sais ce que je veux, nous dit-il, j'achète sur Amazon. En revanche, si je désire fureter, me laisser surprendre, j'achète chez le libraire.
Doit-on donc comprendre qu'il est dans l'incapacité d'acheter en librairie le livre qu'il cherche ?
D'un autre côté, doit-on également comprendre que l'on ne peut pas découvrir de lecture sur Amazon ?
Doit-on être étonné qu'un employé soit surpris que l'on ait besoin d'aller en librairie pour faire des découvertes de livres ou d'auteurs ? Le journaliste le semble.
J'avoue être toujours moi-même circonspect quant à ce besoin manichéen de mettre face à face deux adversaires, deux modèles, deux philosophies, deux stratégies... etc.
Comme si c'était si simple.
Pour ma part, j'ajouterais d'autres chemins de balade : les sites internet, les blogs, les vidéos, émissions, les journaux et autres magazines (papier)... Bref, mes découvertes prennent tous les chemins que m'offrent les outils (?) (interfaces ?) d'aujourd'hui... Et il y a bien plus que ces deux chemins cités par le journaliste. Et c'est souvent, ayant lu un magazine (papier), et donc sachant ce que je veux, qu'en achetant, je me laisse tenter par un autre livre, par une couverture, un avis...

Cette exemple me rappelle une anecdote vécue en librairie, il n'y a pas si longtemps...
A l'époque, je ne comprenais pas pourquoi les libraires n'étaient pas plus enclin à réceptionner et présenter les nouveautés.
Après un temps d'observation, de questionnement personnel, je n'ai pu me résoudre qu'à poser la question.
La réponse qui me fut faite est la suivante : ici, nous sommes dans une librairie de fonds, les nouveautés (comprendre les bests de l'actualité ?), les clients n'ont qu'à aller les chercher à la Fnac ou en grande surface !!.
On se retrouve donc également dans cette dichotomie de l'un ou l'autre.
Je me suis alors risqué à dire : "Mais si nous avions les nouveautés en même temps, le client qui vient acheter sa nouveauté (le livre qu'il veut), pourrait en profiter pour acheter un livre de fonds (une découverte) ? Et si le client qui vient chercher un livre de fonds (qu'il veut), peut-être sera-t-il tenté par acheter une nouveauté (une découverte) ?
J'ai mis un certain temps à convaincre les libraires, mais j'y suis arrivé.
Je pense qu'aujourd'hui, ce genre de cas de figure n'existe plus. Enfin, j'espère.
La montée en puissance de la concurrence en ligne ou hors-ligne, l'augmentation des coûts de structure ont su aiguiser la discipline commerciale des libraires, tout au moins en magasin.

Cette dichotomie, ce manichéisme même, nous les retrouvons ici entre le hors-ligne (le libraire) et le en-ligne (Amazon). D'un côté l'expérience (le magasin, le libraire) - que n'entendons-nous pas aujourd'hui dans les milieux autorisés du marketing sur l'expérience client - et la commodité (l'e-commerce, Amazon).
Certes, on peut critiquer les premiers pas d'Amazon dans le retail mais je prends rendez-vous avec le journaliste dans quelques temps pour voir comment auront évolué les Amazon books et par par-là même les libraires.

Ce qui nous amène à ce deuxième passage :

cabinet Studio Padron
Amazon Books is not what you would call a book lover's paradise.
J'ose la question : qu'est ce que le paradis des amoureux du livre ?

Est-ce le magasin où l'on trouve ce que l'on cherche ?
Ou le magasin où l'on trouve ce que l'on ne cherche pas ?
Est-ce un magasin avec un fonds le plus large possible ?
Ou est-ce un magasin avec une sélection fine et pointue ?
J'aurais pu remplacer magasin par site web.

Nous y voilà :

Perhaps because, unlike traditional bookstores, the stock has less to do with taste and its employees' reading experiences and more to do with algorithms and analytics.
Deuxième manichéisme : d'un côté l'humain (le libraire). Et de l'autre ?
Et bien justement on ne sait pas : a curation team !
Bref, en interprétant (un peu) le journaliste : des robots, de l'IA (Intelligence artificielle), bref, tout sauf un humain ! Même avec le nom Alexa...
Une question me taraude : comment un humain pourrait-il utiliser l'intelligence artificielle, la technologie pour sublimer son métier ?
Mais c'est bien sûr, awesome !


Efficiency is valued more than, say, the comfort of a good book.
 Là, j'avoue ne pas avoir compris cette phrase... Quel lien l'auteur fait-il entre l'efficacité et le confort d'un (bon) livre ?
Si certains d'entre vous peuvent m'éclairer...


I counted about five books per shelf.
Ici, nous semblons revenir dans le domaine du fonds, de la quantité.
Amazon ne fait que prolonger son site web dans le magasin. Pas de tranche sur le site internet ? Pourquoi y-en-aurait-il dans le commerce en bas de chez soi ?
Pendant de longues années, les libraires ont construit leur fierté (leur métier) sur le fonds et son exhaustivité. Plus un libraire avait du fonds, et plus il se considérait comme un grand libraire. D'où la dichotomie entre librairie (1er niveau), GSS, GSA... etc.
Puis Amazon arriva avec plusieurs centaines de milliers de livres disponibles en à peine quelques jours. L'exhaustivité passait chez l'ennemi N°1.
Comment donc réaffirmer son identité ?
Par la sélection, la curation ?
Par le conseil, sachant que chez les clients, le libraire en terme de conseil arrive en 3e position après les médias et le bouche-à-oreille (curation des lecteurs) ?


Just like a bookstore.
 C'est tout comme, vraiment ?


It doesn't even seem that interested in books or culture. It's a branding experience, a Hollywood-ish front of a bookstore, designed to serve much larger aims. You get a sense of being watched as you shop, of being monitored, then being flattered when your choices are reflected on the next "most-wished-for" trend list.
Jolie expression que "a Hollywood-ish front of a bookstore".
Nous ne saurons pas vraiment quels sont les objectifs visés par Amazon, hormis celle de nous surveiller, traduction, d'ajouter à son arsenal d'espionnage comportemental sur le web, cette fois-ci celle de vous filmer dans le magasin et de pouvoir ainsi ajouter des moyens à "l'équipe de curation" d'améliorer sa robotique.
Est-ce le cas ?
Voir cette vidéo de visite du magasin de Seattle : 0'55 (au-dessus de la tête du monsieur en chemise à carreaux)

Mise à jour (juin 2018)
"Souriez, vous êtes épiés…"
1984
 Sur 1984 et Big brother, j'ai relu ce livre il y a quelques mois.
J'avoue avoir été "déçu" (c'est une boutade).
J'avais en mémoire ma lecture d'adolescent avec tapie au plus profond de moi cette sensation effroyable de surveillance, ce stress d'être découvert, cette absence de liberté, cet étouffement...
J'ai retrouvé cette belle écriture d'Orwell mais j'ai presque trouvé insipide le thème abordé : le totalitarisme.
Car, mon pauvre George, il y a bien longtemps que les limites que tu nous aidais à définir, à nous méfier, ont été largement franchies dans le domaine du numérique, et pire que tout, avec notre assentiment, voire notre complicité.

"Le télécran recevait et transmettait simultanément. Il captait tous les sons émis par Winston au-dessus d'un chuchotement très bas. De plus, tant que Winston demeurait dans le champ de vision de la plaque de métal, il pouvait être vu aussi bien qu'entendu. Naturellement, il n'y avait pas moyen de savoir si, à un moment donné, on était surveillés. Combien de fois, et suivant quel plan, la Police de la Pensée se branchait-elle sur une ligne individuelle quelconque, personne ne pouvait le savoir. On pouvait même imaginer qu'elle surveillait tout le monde, constamment. Mais de toute façon, elle pouvait mettre une prise sur votre ligne chaque fois qu'elle le désirait. On devait vivre, on vivait, car l'habitude devient instinct, en admettant que tout son émis était entendu et que, sauf dans l'obscurité, tout mouvement était perçu"
1984, George Orwell, Gallimard.

Le livre et la lecture vous tiennent en joie !

mardi 21 février 2017

Mooc francophone des métiers du li(v)re (vidéos)



Voici une très belle initiative !

Deux étudiantes de Master 2 Conduite de Projets Culturels Livre & Multimédia à l'Université Clermont Auvergne de Clermont-Ferrand (toute nouvelle UCA) étudient la faisabilité d'un MOOC francophone portant sur les métiers du livre.
Elles ont concocté une enquête qui permettra de mieux cerner les attentes des potentiels utilisateurs, afin de proposer le premier Mooc francophone des métiers du livre !

Si c'est le premier Mooc sur les métiers du livre , ce n'est pas le premier dans les domaines du livre et de la francophonie.
  • Ici, vous pouvez découvrir une belle initiative de l'Institut international pour la Francophonie basé à l'Université Lyon3 (on reste dans la région) intitulé : La Francophonie : essence culturelle, nécessité politique 2016

  • Ici, un autre Mooc, sur le littérature jeunesse initié par l'Université de Liège (ULG) en Belgique et intitulé : Il était une fois la littérature de jeunesse


Mais au fait qu’est ce qu’un MOOC ? (Massive Open Online Course, FLOT ou CLOM)
C’est une formation ouverte à tous et en ligne. Les participants, quelque soit leur nombre ou la distance entre eux, peuvent suivre un même cours. Il s’agit donc d’une communauté collaborative qui échange et partage autour d’activités pédagogiques par différents médias et démocratise ainsi le savoir.

Pour en savoir plus sur ce projet, vous pouvez rejoindre le groupe Facebook.

Actuellement, le projet en est à sa phase de réflexion, ainsi, l'objectif du groupe Facebook est que chacun puisse participer et partager autour de ce projet pour le faire évoluer.

L'enquête est anonyme, et ne vous prendra qu'entre 1 et 5 minutes : ici.

Cette initiative me semble particulièrement intéressante car la formation en ligne et à distance permettrait à bon nombre de professionnels du li(v)re d'accéder de manière souple et régulière à des formations certifiantes.
En effet, les petites structures : petites librairies, petits éditeurs... absents pour des raisons bien compréhensibles de distance, de temps, de coût... pourraient accéder à ces formations qualifiantes.
Et que dire des échanges de savoir et de savoir-faire permettant d'inspirer tout un chacun en échangeant les bonnes pratiques ?

Alors amis du li(v)re, peut-être pourriez-vous aider à diffuser ce questionnaire à travers toute la francophonie, "Vers l'infini et au-delà" ?

A vous de jouer !

Le livre et la lecture vous tiennent en joie !

mercredi 15 juin 2016

Bibliothèque, librairie et physique quantique

A lire dernièrement une quantité d'articles, en ligne, dans les journaux, magazines, des BD, un roman, des essais...
Et lisant, cet article sur Isaac Asimov et son petit "livre" sur la manière de faire émerger de bonnes idées, entrechoqué par quelques réflexions d'Hannah Arendt dont celle qui dit que la pensée ne vaut que si elle est mise en application, de celle qui mène à l’œuvre et à l'action...
Puis passant par quelques chapitres de Simondon et son essai Du mode d'existence des objets techniques, et faisant un écart par Teilhard de Chardin... J'en oublie certainement...
Entrechoqué, dis-je, je suis.

Alors, je me suis dit, mais quel est donc le rapport entre tous ces écrits, ces textes, ces auteurs, et puis, mais que cherches-tu donc ?
Je me suis mis alors à me demander à quoi ressemble mon cerveau en de tels instants, vite oubliés.
En y réfléchissant de plus belle, quelle représentation mentale avons-nous de notre bibliothèque intérieure, cette bibliothèque/cerveau dans laquelle ces livres, ces phrases, ces mots (nos émotions ?) s’entrechoquent, se relient, et donnent naissance à une nouveauté, une sorte d'impulsion vers autre chose, d'autres idées, d'autres livres, d'autres pensées...
Et voici l'image qui se rapproche le plus de la représentation que je me suis faite de ma bibliothèque dans mon cerveau :


Bien loin de la bibliothèque qui me fait souvent face.
Imaginez donc pouvoir visualiser sur un mur votre bibliothèque personnelle enrichie de vos annotations, de vos marques-pages, commentaires...

L'idée d'imaginer, de voir les livres de sa bibliothèque comme "délocalisation spatiale" et/ou comme "superposition de réalités contradictoires" (définitions simplifiées de la physique quantique) me donne le tournis...

Quelles sont donc les conditions qui me permettront de ricocher vers un autre livre, une autre pensée ?
Le hasard ?
Juste la réunion d'éléments en train de se mettre en place ?


Mycelium Rhizome (2008), Graphite on paper, 120 x 240 cm
Private collection, Melbourne, richard giblett

Mais où donc me mènera ce voyage ?
Et si nous trouvions le moyen de nous représenter notre bibliothèque personnelle ?
Et si nous les superposions les unes aux autres ?

Et vous, quand vous réfléchissez, discutez entre amis de vos lectures, à quoi ressemble votre bibliothèque intérieure, quelle image vous vient à l'esprit ? Comment est-elle classée, représentée ?
Comment chaque livre, titre, auteur sortent-ils de vos étagères cérébrales ?

A suivre ?

Le livre et la lecture vous tiennent en joie !

vendredi 22 avril 2016

Bienvenue dans votre nouvelle librairie (vidéo)


Amz a ouvert sa première librairie, enfin : Amz Books

Que d’excitation ces dernières semaines/mois autour de cette nouvelle, qui n'en est (était) pas vraiment une.

Petite revue de presse :
BFM, ici
Publisher Weekly, ici
The Verge, ici
Actualitté, ici,
GeekWire, ici, et j'en passe...

Depuis que ce blog existe, nous nous attendions à cette nouvelle.
On s'attendait même à ce que cela arrive avant.

La question : à quel rythme le déploiement sur le sol américain et dans le monde va-t-il s'opérer ?
On parle de 300 ou 400 librairies... Ici, ou de 2, ici, à moins que ce soit une dizaine... ici.
Vrai ou faux ? Ici. Entre parenthèse, regardez le graphique inclus dans l'article.

Amz libraire, éditeur et maintenant imprimeur : ici.

Bienvenu dans votre nouvelle librairie, visite :


Au jeu des devinettes : que se passera-t-il quand une librairie Amz s'implantera en centre-ville : Paris, Lyon, Bordeaux, Montpellier, Rouen, Lille, Bruxelles, Montréal... ?

Le débat a commencé ici, et est ouvert.

A chaque fois, pour le e-commerce, l'eBook, chacun savait (à moins de faire la politique de l'autruche, ou pire penser que les clients ne suivraient pas) qu'Amz finirait par arriver et bousculer les lignes et les règles, tel le barbare. Mais c'était sur de nouveaux territoires (le web) que les acteurs traditionnels ignoraient, voire rejetaient.
Cette fois-ci, Amz s'attaque au traditionnel point de vente, et bien évidemment, rien dans celui-ci ne sera réellement traditionnel (hormis les livres vendus).

Quelle stratégie les libraires vont-ils mettre en place pour anticiper cette arrivée plus ou moins programmée et prévisible ?

Billet mis à jour (mai 2016)
Lors de sa conférence annuelle, Jeff Bezos semble avoir confirmé, ici (sources ici et ), le déploiement de nouvelles librairies physiques sans en préciser le nombre, la géographie et le calendrier.
Le suspens continue...

Le livre et la lecture vous tiennent en joie !